Pour répondre aux nombreuses demandes d’autorisation de nouvelles enseignes, il nous semble intéressant de revenir quelques années en arrière en analysant les traces des anciennes enseignes peintes encore visibles sur les murs de nos villes. Elles constituent la mémoire commerciale d'une société urbaine.
Les premières enseignes ont été peintes directement sur les façades ou sur des panneaux de bois fixés au-dessus des portes d'entrée. Il serait présomptueux d'écrire que les matériaux choisis ou les modes d'écriture l'ont été dans un souci de pérennité tel, qu'on peut les voir encore aujourd'hui. Comme à toutes les époques, les commerçants et les artisans, qui leur ont fait réaliser leur vitrine et leur enseigne, l'ont fait avec les moyens et selon les modes de l'époque.
Une fois la technique de l'émail connu et maîtrisé, les plaques se sont multipliées. Elles étaient de meilleure qualité que la peinture et surtout elles pouvaient être produites, certes à l'unité et à la demande, mais de manière industrielle. Certaines marques en ont fait des arguments de vente. Aujourd'hui, ces plaques émaillées et tôles peintes sont même devenues des objets de collection surtout lorsqu'elles sont en bon état. De ces plaques ou peintures signifiait qu'il y a avait à cet endroit un espace de commerce.
Les commerçants ont ensuite choisi de mettre en avant et de rendre visible cet usage sur les façades. Les premières vitrines en bois vont alors apparaître. Elles se présentent à la manière d’un cadre qui vient mettre en valeur les produits à vendre. C'est aussi à ce moment-là que les petites fenêtres cèdent souvent la place à de véritables vitrines de présentation grâce à des linteaux en bois ou en métal. Dans certaines communes de l'Eure, il est encore possible d'en trouver des traces car les maisons n'ont pas été modifiées depuis lors et nous assistons au même phénomène que pour les plaques émaillées. La mode de la brocante permet parfois de sauvegarder ces boiseries. Ce type d'enseignes et de vitrines correspond à ce qui demeure le plus intéressant par leur formes et leur style dans un centre-ville ancien.
Au cours des années 1970, il y eut également la période des vitrines en petits carreaux de carrelage de 1,5x1,5 cm (Paris Mode, Poissonnerie... cf. page ci-après). Traces d'une époque, ils ne sont pas forcément à enlever dès que l'on souhaite faire une rénovation de façades.
Avec l’utilisation des technologies de la lumière, les années 1980 ont vu l'arrivée des caissons lumineux qui permettent d'éclairer l'enseigne durant la saison hivernale mais également le matin ou le soir. Actuellement, l’époque est à la baisse de la consommation énergétique introduit par ces caissons. Même lorsque l'on parle de leds moins consommatrices, il est possible d'y voir une certaine pollution lumineuse pour les zones urbaines.
En conclusion, les années florissantes pour le commerce des Trente Glorieuses sont également encore visibles pour certaines façades grâce à leurs lettrages, leurs couleurs et leurs formes. Ce qui frappe surtout dans ces vitrines est la volonté de propriétaires de montrer la pérennité de leur commerce. Ils voulaient quelque chose « à la mode » certes mais durable. Il est souvent possible de regretter que les conditions économiques actuelles fassent que les commerçants n'aient plus ce même espoir en terme de durabilité et que leurs vitrines aient comme principal atout d'être peu chères.