Entre les 12ème et 18ème siècles, les pratiques funéraires ont connu des évolutions liées en particulier aux grandes épidémies, telles que celle de la peste. Une des conséquences a été la nécessité de devoir accélérer les enterrements afin de limiter les contaminations. Une autre raison tient au fil du temps en la limitation de la place disponible dans les églises elles-mêmes.
Privilégiant l'intérieur des églises pour bénéficier d’une meilleure protection au plus près du Seigneur, les membres du clergé et de l'aristocratie souhaitaient être enterrés sous le dallage même. Les membres de la bourgeoisie naissante, des corporations et des autres corps sociaux disposant de revenus certains, ont demandé à suivre leur exemple. Mais l'espace a fini par manquer. La réponse du clergé a été double. Elle a fait payer ceux et celles qui souhaitaient être enterrés à l'intérieur des murs consacrés. Parallèlement, un second espace fut attribué pour le sommeil des morts à l’extérieur de l’église. Le cimetière enclos de murs et porteur de la Croix est également devenu une terre consacrée. Le cimetière a pu dès lors accueillir les Chrétiens.
Ce passage entre l'église et le cimetière s’est traduit visuellement par la création d’un ( et est théâtralisé grâce à) nouvel élément architectural : la porte des morts. Celle-ci se trouve située dans la paroi nord de l'église et sert uniquement au passage du défunt. Les fossoyeurs n'entrent pas dans l'église et prennent le corps en charge sur le seuil de la porte qui est ouverte à cet effet et uniquement à ce moment-là.
Cette pratique s’est généralisée à un point tel que ces portes (ou du moins leur encadrement en pierre) se voient dans de nombreuses églises. Certains visiteurs s'étonnent parfois de la largeur de ces portes et estiment, si celle-ci est très faible, qu'il ne peut s'agir d'une porte des morts. Or, il faut prendre en compte que les corps n'étaient pas placés dans des cercueils, d'autant qu'il s'agissait des populations les plus pauvres, puisque ne pouvant s'acheter « une place » dans l'église. Les corps étaient simplement entourés d'un linceul.
Il ne faut pas pour autant confondre cette ouverture avec les portes réalisées spécialement pour les nobles présents sur site. On les distingue par les armoiries qui sont placées sur ou au-dessus du linteau de la porte.
Actuellement, les portes des morts sont le plus souvent bouchées car elles n'étaient plus utilisées depuis longtemps. On peut en voir des entières ou bien coupées par de nouvelles baies. Dans certains cas, elles ont complètement disparu.