à partir de 1935, Louis Renault transforme son domaine en décidant de le rationaliser et si possible de la rentabiliser. Il créé une exploitation agricole qui lui permet à la fois d'exprimer son inventivité d'ingénieur face à des défis pour mécaniser ou améliorer les performances ; et à la fois de tester de nouveaux modèles de machines agricoles. Il cherche à créer un système complet allant de l'oeuf à la production de la paille sur lequel on le pose, du parc à taureau en essentage en bois au silo en ciment armé imitation faux bois,... Chaque élément servant à la vie agricole lui permttrait de laisser cours à son imagination.
La base de son style est les formes et couleurs du site (voir à ce propos, Les Essentiels Connaissance n°104 La bichromie Louis Renault). Il utilise d'ailleurs ou réutilise les bâtiments déjà existants dans les fermes qu'il rachète. On peut encore aujourd'hui voir des charpentes datant du 17ème siècle jouxtant des murs jointoyés à la chaux, ce qui démontre qu'il a conservé ce qui était utile. Pour autant, il a mené une recherche permanente pour développer ses sites. Il a fait un couplage entre techniques et matériaux anciens et techniques et matériaux modernes ; le ciment a remplacé la chaux pour jointoyer, les poutres sciées et boulonnées ont détrôné les poutres fendues avec tenons et mortaises... Si les matériaux évoluent, les formes perdurent : les silos deviennent des tours en béton armé, avec imitation de colombage et épi de faîtage en céramique. Il en est de même pour la charpente du hangar de battage de la ferme principale qui est lambrissée mais qui est composée de poutres et autres éléments de bois fendus, puis regroupés par deux pour renforcer l'ensemble. Il y a aussi toujours une recherche esthétique pour les éléments créés par Louis Renault.
De plus, ce dernier ne conçoit pas une pièce sans l'imaginer au sein d'un processus industriel. Il va la penser, la dessiner, la préfabriquer potentiellement, mais également faire travailler ses équipes d'ingénieurs à Billancourt, la faire tester par ses métayers et la faire évoluer sans cesse. Il lui sera toujours possible de lancer des quasi chaînes de fabrication pour ses créations. Par exemple, les porcheries ou les paddocks à taureaux seront reproduits d'une ferme à l'autre ou bien encore les clous formant ferronnerie décorative des portes et portails.
La standardisation qu'il recherchait n'oblitérait pas l'écoute qu'il pouvait faire de ses ouvriers agricoles, de ses chefs de ferme et surtout de ses régisseurs successifs. Le parc à taureau en est un très bon exemple, puisqu'il était positionné au milieu de la ferme pour être -certes surveillé par le fermier- mais surtout sur la route des vaches qui rentraient des champs. Il était alors loisible de surveiller celles qui étaient prêtes pour l'accouplement car elles étaient tentées d'aller le voir.
C'est un processus global qu'il est toujours aujourd'hui possible de contempler ; même si, année après année, les éléments d'architecture non entretenus commencent à disparaître. Le manque d'entretien ou la perte d'usage sont souvent les causes de cette désaffection des bâtiments ; cependant leur détérioration est due surtout à l'utilisation d'une technique moderne à l'époque, mais aux faiblesses aujourd'hui connues : le béton armé. La corrosion conduit à ce que les fers rouillent et qu'une couche commence à « pousser » le béton qui se fendille et se fissure avant de tomber.
Le recensement photographique est aujourd'hui l'élément incontournable de la préservation car aucun plan n'a encore été retrouvé dans les archives. Peut-être resurgiront-ils un jour.