Les murs de l'Eure portent des inscriptions qu'il est intéressant de relever, de décrypter (ou tenter de décrypter) et de transmettre.
Il existe tout d'abord un véritable savoir-faire lié à l'usage des briques de différentes couleurs. Rappelons que la couleur est liée à la teinte de l'argile et qu'il était donc localement peu fréquent d'avoir plusieurs teintes. En effet, les campagnes de fabrication de briques étaient rares (1 à 2 fournées par an) et elles provenaient toutes du même secteur géographique. Parfois, certains lits d'argiles variaient mais les couleurs restaient globalement dans les mêmes teintes.
Pour autant, ces briques n'étaient pas positionnées de la même manière dans les fours fabriqués à cet effet. En effet, les briques qui étaient disposées au niveau des trous d'aération des empilements étaient zébrées car seule une diagonale était portée au feu.
Les briques les plus au coeur de la fournée étaient soumises à des températures très élevées (plus de 1000 degrés) ce qui conduit à leur vitrification. Elles deviennent alors noires et peuvent même se fracturer sous l'effet de la chaleur. Trop fragiles, elles ne sont demeurées que pour leur intérêt décoratif. Peu nombreuses (puisqu'uniquement au coeur de la fournée), elles étaient réservées à des usages singuliers : murs de châteaux ou d'églises... Dans de rares cas, elles ont permis de laisser des dates sur les murs des églises, comme sur celle de Fleury la Forêt, pour évoquer une période de reconstruction.
Il est plus incertain de chercher un sens aux lettres présentes sur le mur du cimetière de Bourneville, puisqu'on arrive à lire :
IEHANtVtVENELSXt
Serait-il possible de voir un « JEHAN » ? puis un nom ? Peut-être un jour trouverons-nous trace d'un nom ou d'un lieu qui nous permettra de déchiffrer ce rebus, pour l'instant, nul n'en est capable. Sur le mur du château de Ménilles, il demeure également un brin de mystère car si certains retrouvent les monogrammes d'Henri II et de Catherine de Médicis, il est souvent donné comme explication une série de signes cabalistiques qui souhaiteraient la bienvenue au roi.
Il est tout aussi intéressant, voire plus, de retrouver des noms portés sur les briques avant leur cuisson, comme c'est la cas à Beauficel en Lyons ou à Routot. Dans un cas, un mur d'église, dans l'autre, le mur d'un manoir. Serait-ce le nom des potiers qui fabriquaient les fournées ? Si cette explication est plausible, il est par contre très étonnant de ne pas en trouver en grand nombre. Certes, les briques se fabriquaient par milliers et il est certain qu'il n'était pas possible de toutes les marquer (comme cela sera le cas à la période industrielle voir les dernières images) ; mais justement par leur nombre, il devrait être plus fréquent d'en trouver.
Un nouveau champ de recherche s'offre à nous alors n'hésitez pas à nous communiquer les murs de brique ou briques marquées que vous pourriez trouver dans l'Eure.