Depuis le début 20ème siècle, de nombreux campeurs transforment leur automobile en véhicule aménagé pour y passer de brèves vacances. Ce mode de tourisme itinérant s’avère particulièrement pratique lors des excursions dans des pays étrangers où l’hôtellerie était peu développée ou pour atteindre rapidement des lieux éloignés.
En 1926, l’auto-camping est décrit par R.R. Miller, américain venu en France lors de la première guerre mondiale et resté pour développer le scoutisme et l’auto-camping, comme « une institution nouvelle enfantée naturellement et inévitablement par la vulgarisation de la voiture automobile. C’est la solution des voyages en auto à bon marché, c’est la possibilité pour chaque famille de bénéficier des joies de la vie au grand air en toute liberté et indépendance »[1]. Cette vision d’une voiture proche du campeur provient de ses origines américaines, pays où la voiture est devenue un bien de consommation accessible dès le milieu des années 1920. R.R. Miller estime que « comme beaucoup d’américains, [les campeurs français] ont fait tous les deux de longues randonnées dans leur auto, à travers leur pays, afin de jouir des beaux sites qu’il offre et aussi du sentiment de liberté devant les grands espaces et afin d’oublier ainsi les détails et les mesquineries de leur vie journalière »[2]. L’engouement pour l’auto-camping, relativement faible avant la seconde guerre mondiale, fut le fait de quelques campeurs audacieux qui avaient transformé leur voiture en habitacle roulant pour pouvoir visiter des pays où l’hôtellerie était naissante.
Après guerre, de nombreux campeurs pédestres s’essayent à la pratique de l’auto-camping, avec des résultats mitigés car « la question est de savoir si l’on possède les trésors de la route autant que le pédestrian »[3]. Les premiers à l’essayer sont parfois surpris par la vitesse de déplacement des voitures mais la familiarité avec ce mode de déplacement entraîne les campeurs à l’utiliser à bon escient. R.R. Miller estime que le camping pratiqué par les auto-campeurs nécessite peu de confort pour apprécier les merveilles de la nature. Il réfute les propos de Ch. et H. Bonnamaux, pour qui « camping est synonyme de rusticité »[4], selon lesquels le camping « serait un peu trop proche de notre mère la Terre [à manger tout le temps par terre], ce serait trop complètement un retour à la nature. Cela conviendrait peut-être à un Indien qui ne soit pas encore devenu la victime de cet usage décadent de s’asseoir dans un siège confortable devant une table bien servie. Les gens qui campent et qui circulent en auto, semblent avoir un penchant incurable pour les petits conforts et les raffinements de la société dite civilisée »[5]. Dans cette recherche de confort, les auto-campeurs tentent d’emmener avec eux des meubles transportables mais R.R. Miller considère que les auto-campeurs doivent réussir à atteindre un certain degré de simplicité dans la manière de concevoir la vie quotidienne.