Le 30 juillet 2013, le Premier Ministre a instauré par décret la protection de la Vallée du Sec Iton au titre des sites classés. Cette protection reconnaît le caractère exceptionnel de la vallée, due à la particularité de l’Iton d’avoir sur son cours moyen des étiages importants liés aux pertes et aux assèchements. Ainsi, une partie de son cours disparaît en souterrain sur 9 km. Cette disparition se produit de la commune de Villalet, au lieu-dit Le Rebrac, jusqu’à sa réapparition aux résurgences de la Fosse-aux-Dames et de l’étang de la Forge, sur Glisolles. Le cours d’eau dévoile son lit... à sec, d’où son nom de Sec Iton.
Au-delà despaysagesde qualité qu’elle révèle, la rivière présente un phénomène original qui a fait sa réputation dès le 11èmesiècle, puisqu’elle était déjà appelée le Fol Itonou la rivière folle.
Le caractère paysager de cette vallée est de grande qualité, dû en majeure partie au charme que génèrent les méandres de l’Iton. Son cours sinuant à travers la vallée offre des paysages remarquables, et par ses rives arborées, créé des scènes au romantisme certain. Des gués, des ponts, des augets, viennent accompagner son cheminement, qui font le ravissement des randonneurs et des pêcheurs. En 1950, il a été recensé sur le cours de l’Iton, quelques 33 ponts ou passerelles, 36 moulins et 27 usines dont certaines hydroélectriques.
Selon son cours normal en période d’étiage, ou complètement à sec, l’Iton propose des ambiances qui varient au fil des saisons. Ainsi, il est possible d'admirer une végétation hydrophyte en période normale, ou mésophyte lorsque le niveau baisse.
Ce phénomène, dû à la géologie locale, s’explique par un sous-sol crayeux du Crétacé supérieur. A certains endroits, la dissolution de la craie par l’acidité naturelle de l’eau forme des cavités souterraines de grandesampleurs. Ces cavités sont dénommées bétoires, fosses(sur le Sec Iton) ou dolines.Pour le Sec Iton, on entend plus souvent prononcer les noms de bétoires et de fosses. Ces bétoires se présentent sous la forme d’entonnoirs par laquelle lesquels l’eau s’engouffre pour aller rejoindre des cours souterrains karstiques. Ils forment des petits ruisseaux qui s’écoulent avec plus ou moins de facilité à travers les différentes strates descraiesou d’argile et de sable, ou bien par infiltration dans les fissures de tailles variables, pour former à nouveau un réel cours d’eau souterrain. Des cartes, sans cesse réactualisées, situent les emplacements de ces bétoires. Ces dernières sont plus ou moins aléatoires, puisqu’elles dépendent de l’action de l’eau et de la nature du sol. Au 19èmesiècle, M. FERRAY, hydrographe, en recense une quinzaine.
Un certain nombre d’expériences ont été réalisées pour essayer de comprendre et de suivre le parcours de l’Iton. Des puits ont été creusés et aménagés. En 1971, un bureau d’études en dénombra 22.On peut notamment admirer le puits des Boscherons qui descend à 22 m, ou et le puits de Gaudreville,d’une cinquantaine de mètres de profondeur.
Au milieu du 19ème siècle, les agriculteurs utilisaient l’Iton pour leur vie quotidienne. Cette rivière leur permet alors d’arroser les cultures, de faire fonctionner les moulins, de pêcher et d’abreuver leurs animaux. Face à ce cours d’eau capricieux, ils entreprennent la construction des augets. Dès le 19ème siècle, ces augets, construits en béton, sont destinés à détourner l’Iton des bétoires afin de maintenir un niveau d’eau permettant une vie normale. On peut toujours en admirer quelques uns en suivant son cours.
De nos jours, le Sec Iton joue un rôle important d’écréteur lors des épisodes de crues, de par sa capacité à stocker les eaux superficielles vers le sous-sol.
À cela s’ajoutent de nombreuses légendes liées, entre autres, à son parcours en partie aérien et en partie souterrain. Ce rapport présente la légende du diable ou celle de la Fosse aux Dames, ou encore celle de Saint Médard.