La présence humaine sur la colline de Triqueville est attestée depuis la préhistoire car des outils y ont été découverts. Ce sont ensuite les Celtes qui occupent le secteur puis les Gallo-romains. La distribution des voies romaines permet d'établir un tracé cadastral qui est le support de premières constructions au IIe siècle, alimentées par un aqueduc. Au Xe siècle, l’abbaye des Préaux est construite pour accueillir une communauté bénédictine. Cet établissement religieux a été entièrement démantelé en 1793, suite à la Révolution.
Le destin du site ne s'arrête pas là, puisque la Seconde Guerre Mondiale et l'Occupation y ont laissé leur empreinte.
Histoire de la base aérienne de Triqueville.
Si aujourd'hui le verger de pommiers de la ferme du Ponctey respire le calme et la sérénité, cela n'a pas toujours été le cas. L'histoire de l’aérodrome puis de la base militaire de Triquevillle a été aussi courte qu'intense.
Dès 1938, le site est utilisé par des aéroplanes civils pour rejoindre les plages normandes et la ville voisine du Havre. En 1939, les civils sont remplacés par l'Armée de l'Air qui décide d'y implanter une base. A la déclaration de la guerre, la mobilisation entraîne l'arrêt de l'aménagement de l’aérodrome.
Suite à l'offensive du 10 mai 1940, les allemands prennent possession des terrains à partir du 15 juin et initient de nouveaux aménagements pour la Luftwaffe. Les avions de combat (Stukas /Me 109) s'y entraînent et la célèbre escadrille Richthofen occupe les pistes. Le but de cette base est de préparer l'invasion de l'Angleterre, et de protéger les plages de la Manche. De juillet à décembre 1940, aucun civil n'est autorisé à pénétrer dans l'enceinte du terrain : barbelés, gardiens et bergers allemands veillent.
En 1941-42, les Allemands poursuivent l'aménagement du terrain : cantines, pistes bétonnées, parkings alvéoles, abris souterrain, hangars, postes d'observations, DCA, casemates, station de pompage, centrale téléphonique, mirador, butte de tir. Une centaine de STO (personnel réquisitionné par le Service du Travail Obligatoire) travaille sur le site. Une cinquantaine de nouveaux chasseurs, les Focke-Wulf / FW 190, plus rapides, occupent les pistes. L’effectif sur le terrain est de 1000 hommes. A partir de la fin 1942, les bombardements alliés sur le site se succèdent et s'intensifient jusqu'à début août 1944, causant d'importants dommages dans les villages alentours De nombreuses batailles aériennes ont lieux et engendrent une grande quantité d'épaves d'avions. Trois bases de dégagement - Evreux, Beaumont le Roger, St André – sont prévues pour que les avions allemands puissent se poser. En 1944, les événements s'accélèrent : entre mars et la libération, le réseau de résistance du Maquis Surcouf opère des sabotages sur les hangars, le train d'atterrissages de 5 chasseurs, les lignes électriques. Le terrain est abandonné à la mi-août faute de carburant, les plates-formes détruites, les pistes rendues impraticables.
A la fin de la guerre, 50 prisonniers Allemands remettent le terrain en état et démontent les hangars.
Il reste encore bien des ruines à voir. Pour cela, il faut avoir accès à des terrains privés dont certains sont visibles depuis le rebord des routes. Une vingtaine de blockhaus sont en place, quelques pistes bétonnées subsistent ainsi que le central téléphonique, 4 hangars, les bases des deux miradors et la dalle de tir munie de 13 anneaux pour fixer les avions afin de régler la parallaxe des mitrailleuses, etc. Dans le diaporama qui vous est proposé, de nombreuses photos aériennes présentent l'emplacement des structures, le tout sur une superficie de 4 km2. La plupart des constructions sont enterrées.
Il est certain que ce site mériterait d'être protégé.