Après sont extraction, souvent en automne, la terre était mise à « pourrir » afin que les eaux de pluie les lavent de leurs impuretés. Il ne fallait pas que la terre comporte des éléments qui la fassent éclater à la cuisson.
Une fois la terre préparée, on pouvait soit la découper en carré ou en rectangle à partir de grandes surfaces aplanies, soit la mettre en forme dans des moules sans fond. Les surfaces étaient soigneusement raclées avec un instrument plat pour que les surfaces soient déjà prêtes. La sous-face pouvaient être percées de trous plus ou moins importants pour que le pavé prenne bien avec le matériau de joint.
Un pré-découpage pouvait également être fait (dans la diagonale de la tomette) afin de faciliter son découpage après la cuisson.
Dans le cas présent, il ne s'agit ni de pavés uni-monochromes, ni de pavés à décors en relief, ni de pavés bicolores, ni de pavés estampés, à décors incrustés ; mais de pavés estampés à décors à engobes.
C'est à partir d'une forme en relief inversé que le trou est créé dans la tomette encore fraîche. Le décor à engobe était appliqué après l'estampage. Les creux, entre 1 à 2mm, sont remplis d'une argile blanche (lorsque la tomette est faite d'argile rouge) afin que le motif se voit durablement.
Pour finir, les bords du carreau étaient parés. Pour cela, on posait le carreau sur une forme dotée de petites pointes et on pouvait ainsi biseauter le bord. Une glaçure était réalisée sur l'ensemble pour protéger les surfaces.
Très rarement, cette technique a été utilisée pour réaliser des tomettes funéraires.
On en connait trois cas dans l'Eure : à Armentières où elle était encore jusqu'en 2015 en place (mais a été déposée et cassée lors des travaux de réfection du clocher), à Mandres et à Saint Christophe sur Avre. L'article de Denis Lepla « Découverte à Saint Christophe sur avre » (ASEVE) nous apporte des éléments très intéressants sur les trois carreaux de Saint Christophe. Il faut également noter qu'il fait référence à une plaque à Armentières pour un feu « louis le grand », qui n'est pas celle que j'ai vu et recensée qui identifie un « jean lugay ».
La signature en bas de l'une des six tomettes de Saint Christophe sur Avre par l'un des potiers d'Amentières sur Avre : Jean Guincestre. Il semble donc, vu la proximité géographique des carreaux retrouvés, la période chronologique très courte de leur production que c'est Jean Guincestre qui les a toutes créées. A voir s'il est possible d'en retrouver d'autres!
La restauration s'effectue grâce à une résine acrylique. Notons que l'un des carreaux de Saint Christophe sur Avre a été reposé et mis sous protection grâce à une plaque de verre.