Le motif est coeur est très présent à qui sait le voir. En effet, de prime abord, ce motif n'est pas le plus visible lorsque l'on entre dans une église ou dans un cimetière et pourtant sa présence est permanente.
Il est déjà présent depuis le 15ème siècle dans les églises car il permet d'élever une dalle commémorative pour un défunt dont le corps physique n'est pas présent sur place mais pour lequel la famille, le plus souvent, souhaite pouvoir dire des messes en sa mémoire. Ce symbolisme du coeur, comme celui présent sur les dalles funéraires à l'intérieur de l'église du Bec Hellouin, est remarquable.
À partir de la fin du 17ème siècle, le coeur prend une seconde signification en devenant la représentation de la dévotion au coeur de Jésus ou Sacré Coeur ; vitraux, retables, tableaux, serrure, motifs faits à la main sur la brique sur les murs des églises... Nombreux sont les éléments de décor liturgique qui s'emparent de ce thème.
Le Sacré-Coeur est souvent représenté sous la forme d'un coeur enflammé flamboyant d'une lumière divine, enchâssé par une couronne d'épines et saignant car ayant été percé par la pointe de la lance du soldat romain Longinus. Le sens de ce coeur est celui de l'amour que dispense Jésus à l'ensemble de ses fidèles ; cet amour étant de fait le lieu de rencontre entre l'homme et Dieu. Le feu évoque alors le pouvoir transformateur de l'amour. Les coeurs jumelés représentent le coeur de Marie et celui de Jésus.
À partir du 19ème siècle, Le coeur sert -entre 1830 (date de l'édification de la plupart des tombes anciennes) et 1940- de plaque funéraire où sont indiqués les noms et prénoms des défunts, leurs dates de naissance et de mort, ainsi que parfois une petite épitaphe. Des larmes sont également visibles sur nombre d'entre elles.
Le coeur est positionné le plus généralement sur une croix faisant office de stèle.
Les matériaux utilisés sont plutôt à base de métal (fer, zinc, tôle...) car il peut être façonné facilement et que sa durabilité est importante. Nous avons pu voir quelques coeurs en bois mais il n'y avait plus d'inscriptions dessus (et ils étaient souvent fixés à des croix en bois). Les inscriptions peuvent être poinçonnées, fixées (il existe des modèles avec des petites lettres fixées au métal) ou bien peintes.
Il n'y a pas de dimensions standards pour le coeur même s'il existe des formes et des modèles notamment en plaque émaillée qui mettent en évidence une forme de proto-industrialisation. On peut ainsi distinguer ceux qui ont fait l'objet d'une production artisanale et ceux qui ont été réalisés par les familles elles-mêmes.
Bien souvent, ces coeurs ne sont plus en place car ils sont tombés, à la suite de la chute de la croix elle-même ou parce que les clous rouillés n'ont plus faits leur office. Ils sont alors déposés sur la tombe elle-même.
Lors du relevage des tombes, il est important d'indiquer qu'il est possible pour une commune de les conserver et de les clouer à l'intérieur des portes des églises par exemple. En effet, la commune, devenant propriétaire de l'ensemble des éléments relevés, peut faire le choix de ne pas jeter le témoignage funéraire des personnes ayant vécu dans la commune.