Le monument aux morts est intéressant à étudier pour deux raisons. La première vient de ses qualités artistiques qui en font un monument à part entière dans les villages français et la seconde est liée à leur localisation.
L'aspect artistique des monuments aux morts est surtout visible lorsqu'une statuaire lui est associée. L'époque d'édification est également très importante et comme la plupart l'ont été au 20ème siècle, le style est parfois un peu pompier. Notons l'oeuvre moderne situé sur le parvis de l'église de Jouy sur Eure. Le monument aux morts correspond à un édicule de plus ou moins grande importance qui est édifié pour que nous nous rappelions à tout jamais des hommes et des femmes qui sont morts pour défendre la République Française. C'est donc en l'honneur de ceux qui sont morts pour la Nation, un concept bien différent de celui d'un Royaume.
Ainsi, il ne peut exister de monuments aux morts avant la période révolution car c'est elle qui entame la période où la Nation se définit par son peuple, son territoire et ses lois; mais non plus par son roi. Cela sera encore plus entériné avec la séparation entre l'Eglise et l'Etat en 1905-1907, qui n'a pas été si facile que cela à mettre en oeuvre sur le territoire.
Il faut alors analyser avec beaucoup d'attention l'endroit où se trouvent placés les signes commémorant ceux qui sont morts pour la Nation (séparée de son roi et de son église). Les monuments peuvent se trouver sur la place du village, collés contre le mur de l'église, à l'intérieur du cimetière mais collés contre la limite avec la rue avec une grille dessinant un carré, complètement à l'intérieur, voire sur les murs de l'église ou bien encore à l'intérieur. Sur la place du village, le monument aux morts est généralement placé non loin de la mairie et les cérémonies officielles se déroulent sur l'espace public.
À l'intérieur du cimetière mais au sein d'un carré dessiné, on note une volonté de marquer le cimetière de l'empreinte républicaine, tout en conservant le fait que pour les cérémonies, il est préférable de se trouver sur l'espace public plutôt que dans le cimetière. Celui de Manneville sur Risle est intéressant car il montre justement cette insertion. Cette notion est ancienne pose des problèmes de sécurité à notre époque puisqu'il est difficile d'arrêter la circulation le temps des cérémonies. Certains monuments aux morts, comme celui de Carsix, ont ainsi été récemment déplacés. Notons que dans les cas où les cimetières ont été déplacés, les monuments aux morts demeurent. Complètement à l'intérieur du cimetière, le monument aux morts est généralement placé au sein d'un carré où seules les tombes des soldats morts pour la France sont placées.
Sur les murs extérieurs de l'église, nous connaissons notamment le tableau de Mesnil sur l'Estrée où les dates de décès sont en calendrier révolutionnaire : an III, V.. jusqu'à retrouver l'ancien calendrier avec la date de 1805.
À l'intérieur des églises, on peut trouver de véritables sculptures en l'honneur des soldats défunts, voire dans certains cas des drapeaux français, pour lesquels les locaux ne sont souvent pas en mesure d'expliquer pourquoi il se trouve dans l'église. Plus généralement, on trouve des plaques sur lesquelles sont inscrits les noms des soldats. Il faut néanmoins distinguer les plaques officielles et celles posées par les familles. Car si celles posées à l'intérieur des églises peuvent être appréhendées comme le symbole de la Nation venant s'imposer dans les lieux consacrés, ceux des familles indiquent qu'elles voulaient que leurs fils ou maris bénéficient de la protection divine et qu'elles puissent les prier dans leurs églises.
Retenons pour finir celui de Saint Aubin du Thenney où, placés de manière équivalente devant l'église, se trouve une statue d'évêque et le monument aux morts.